Intro
Le point de départ de notre analyse est la collaboration entre le Forum de Bernex, structure d’accueil libre où interviennent les TSHM, et Cap emploi, dispositif intercommunal d’insertion professionnelle.
Nous nous sommes demandés comment s’opère l’accompagnement des jeunes entre les différents professionnels et comment les jeunes perçoivent cet accompagnement.
Considérant qu’il existe un continuum de l’accompagnement des TSHM au Forum de Bernex, au suivi par Cap emploi jusqu’à la (re)prise de formation ou d’emploi, nous avons choisi d’interroger une jeune au début de ce continuum et un jeune à son aboutissement.
Nous avons effectué des entretiens avec Louise et Lucien en cherchant à comprendre quels étaient les éléments de vulnérabilité (Becquet, 2012) dans leur parcours et quels étaient les supports apportés par les TSHM du Forum et les professionnels de Cap emploi.
Le fort lien de confiance entretenu avec le TSHM et les personnes présentes au Forum ressort du discours de Louise comme un moteur pour sortir de sa situation de vulnérabilité. Cette confiance lui a permis d’entamer les démarches à Cap emploi.
La bonne coopération et la disponibilité des professionnels ont motivé Lucien à décrocher un apprentissage. Les deux jeunes soulignent enfin l’accessibilité du lieu, la réactivité des professionnels présents dans le même espace et le suivi en libre adhésion sur la durée, comme étant les forces de l’accompagnement.
Dispositifs
Cap emploi
Camp emploi est une structure qui fait partie de la commune de Bernex. L’établissement vise l’insertion professionnelle pour les jeunes âgés entre 15 et 25 ans. Cap emploi accueille des jeunes en rupture de formation. Les jeunes sont obligés de faire partie de l’une des communes de la Champagne. Le but étant de la structure d’identifier les besoins des jeunes en rupture de formation et de construire avec eux un projet professionnel. Cap emploi propose d’effectuer des stages dans des entreprises. Les professionnels sont présents pour aider ces jeunes à trouver une formation, un apprentissage ou un emploi.
Le Forum de Bernex
Le Forum de Bernex est une structure accueillant des jeunes âgés entre 12 et 25 ans, qui sont habitués à fréquenter la commune. Pour cela une équipe de travailleurs sociaux hors murs est mandatée par la mairie. Les TSHM accomplissent un travail de prévention et d’animation auprès des jeunes. Certains professionnels s’occupent des tournées préventives dans la rue auprès de groupes de jeunes ils parcourent les communes d’Onex, champagne et Lancy en bus. Les autres travailleurs sociaux se charge des ouvertures d’accueil libre dans les locaux du Forum, de l’animation de boums et d’anniversaires, ils se charge également de « Sport pour tous et toutes » ainsi que des projets de prévention ponctuels, des participations aux manifestations communales, l’organisation de sorties ponctuelles, des « coups de pouce » jobs jeunes offerts aux jeunes en rupture, des entretiens de suivi individuel, des projets d’entraide et de solidarité avec les jeunes dans des pays du Sud, ainsi que la collaboration au projet Mentorat de la Commune.
Louise
La rencontre
Lorsque nous avons rencontré Louise, nous nous trouvions dans la salle principale du forum de Bernex. Nous avions rendez-vous avec Matthias pour faire une mise au point sur notre projet. C’est en l’attendant, que nous avons croisé Louise pour la première fois. Nous nous sommes présentés timidement et nous lui avons expliqué la raison de notre présence au forum. Après quelque minute, Louise s’est gentiment proposée à participer « moi ça ne me pose pas de problèmes, c’est avec plaisir que je réponds à vos questions ». Nous avons alors fixé un rendez-vous afin qu’on puisse s’entretenir.
L’entretien que nous avons eu avec Louise à durer moins longtemps que nous pensions. Cependant il a été bref, mais intense. Durant l’entretien, Louise s’est livrée concernant le lien et l’affection qu’elle entretient avec un TSHM et avec le forum de Bernex.
Louise s’est montrée curieuse et investie dans notre projet, car elle nous a demandé de lui montrer la finalité de notre travail « vous me montrerez le site internet final ».
Lien de confiance avec Thomas (TSHM)
« C’est comme mon frère on va dire ça comme ça »
Voici l’une des définitions que Louise nous a donné pour définir Thomas. Elle nous a fait part à plusieurs reprises l’affection qu’elle porte pour ce TSHM. Elle assimile le lien qu’elle a avec Thomas à un lien de fraternité. Cela nous montre la confiance et la force du lien qu’ils entretiennent. Celui-ci est une personne importante à ses yeux et elle le définit comme son point de repère au Forum. Elle nous a confié que s’il lui arrive quelque chose de conséquent, c’est à lui qu’elle irait se confier.
« C’est une personne à qui je tiens vraiment beaucoup, il m’apporte vraiment beaucoup de choses »
Le lien créé entre cette jeune fille, Louise, et ce TSHM Thomas est fort. Thomas a été présent dans des moments importants dans la vie de Louise. Il lui a apporté du soutien, de l’écoute, de l’empathie et un cadre dans lequel Louise se sent bien. Les situations et les événements qu’ils ont pu vivre ensemble les ont relativement rapprochés. Au fur et à mesure du temps passé ensemble, Louise a pu dans un premier temps construire un lien et gagner la confiance de Thomas dans un second temps. De plus, Louise nous a expliqué que Thomas a eu un rôle important sur ses prises de décision concernant les problématiques qu’elle a pu rencontrer dans sa vie.
« Il les appelait des fois pour confirmer que j’étais là, ça fait que maintenant mes parents ont confiance en moi »
Louise met en avant à travers cette citation, la confiance qu’elle a envers Thomas. Elle explique que c’est encore une jeune fille et donc qu’elle n’est pas encore majeure. Les sorties et les soirées étaient compliquées avant qu’elle fréquente le forum. Elle restait dehors avec son groupe d’amis. Ses parents avaient peu confiance en elle, car ils avaient peur qu’elle fasse des bêtises. Une fois qu’elle a commencé à fréquenter le Forum, ses parents lui ont laissé plus de liberté. Louise leur parlait beaucoup de cet endroit qu’elle affectionne et ses parents ont pu sentir une jeune fille bien entourée et surtout en sécurité. Elle insiste sur le fait que Thomas a dû l’aider à changer des choses dans sa vie et qu’il a vraiment été présent. C’est grâce à cela que les parents de Louise ont pu laisser plus de liberté à leur fille.
Lien d’amitié
« Ce sont des personnes à qui je tiens vraiment beaucoup »
Dès son arrivée au Forum, Louise a commencé à fréquenter les deux locaux de gestion accompagnée. Cela lui a permis de faire la connaissance de tous les jeunes présents au Forum « je m’entendais vraiment bien avec tout le monde ». Louise nous confie qu’elle porte une grande importance non seulement à des membres de l’équipe éducative, mais aussi envers ses amis qu’elle a rencontrés dans ce lieu. Le Forum en général est un point de repère très important dans sa vie. Le groupe d’amis de Louise est un groupe soudé et composé uniquement de jeunes du Forum. Ils sont très proches et se fréquentent même en dehors du forum « des fois on va dehors, des fois on fait des bouffes ensemble ou chez nous. »
« C’est ma famille maintenant »
À travers le Forum de Bernex, Louise a pu participer une expérience inoubliable. C’est avec des jeunes du Forum qu’elle a fait le voyage de solidarité et d’entraide. Lors de ce voyage, elle nous livre qu’ils ont vécu des situations fortes en émotion. Ces événements les ont beaucoup rapprochés ce qui a créé un lien fort dans le groupe. Elle assimile le lien d’amitié qu’elle a avec eux comme étant une deuxième famille.
Faire avec
« Il m’a aidé, enfin il m’a amené vers »
Les différents acteurs présents au Forum ont joué un rôle important dans le parcours professionnel et personnel de Louise. Chaque personne a su à sa manière lui venir en aide. Les professionnels ont su être à l’écoute des besoins et des envies de Louise. Ils l’ont accompagné, orienté et conseillé. Les TSHM ont emmené Louise vers une autre structure pour qu’elle rencontre des collaborateurs du réseau du BUPP. Louise souhaite trouver une formation.
« Thomas m’a parlé de Cap emploi »
Un jour Thomas a décidé de parler de Cap emploi à Louise, afin que celle-ci avance dans ses recherches de formations « vas-y essaies et tu verras, peut-être ça va t’apporter quelque chose ou peut-être que ça va ne rien t’apporter, mais au moins tu auras essayé. » Comme mentionné précédemment, Louise et Thomas ont un lien très fort. Le lien qu’ils entretiennent a très certainement joué un rôle positif dans la décision de Louise. En effet, elle a tout de suite accepté de se rendre à Cap emploi accompagné par un collègue de Thomas « c’est Matthias qui m’a aidé à faire les démarches pour aller. » Après Thomas c’est au tour de Matthias de prendre le relais avec Louise. Il l’a accompagnée et a effectué avec elle les démarches pour Cap emploi. Selon elle, cela ne l’a pas vraiment aidé, mais elle retient tout de même le fait que grâce à eux elle a réussi à s’orienter auprès d’une structure.
« Cap formation m’a amené au SEMO »
Suite aux démarches effectuées par Matthias, Louise a obtenu des rendez-vous avec Cap emploi. Elle a rencontré Laurence, une assistante sociale. Ensemble, elles ont rempli des papiers et chercher des formations qui pouvaient convenir a Louise « elle m’a un peu aidé à me restructurer dans quoi je voulais me rediriger. » Malheureusement, les recherches n’ont rien donné « après moi ça ne m’a pas forcément aidé parce que je n’ai rien trouvé. » Laurence a alors décidé d’orienter Louise vers Cap formation, et les professionnels qui s’y trouvent l’ont dirigé au SEMO « j’ai trouvé Cap formation, donc c’est une plus grosse structure on va dire et Cap formation m’a amené au SEMO. » Le faire avec a été un élément important dans le parcours de Louise. Actuellement, elle est au SEMO.
Lien d’appartenance au BUPP
« La première chose qui m’a fait du bien dans ma vie c’est de connaître le BUPP »
Louise a connu le BUPP lorsqu’elle était en première année du cycle « j’ai trouvé ça sympa, un accueil libre.» Petit à petit, elle y a fait des rencontres et a rencontré notamment l’équipe du Forum ainsi que toutes les personnes qui deviendront par la suite ses amis . Très rapidement, le BUPP est devenu un point de repère pour Louise. Celle-ci habite à Confignon « j’habite à la campagne profonde là-bas à Confignon.» Cependant, elle dit ne jamais être là-bas, « les personnes qu’il y a là-bas, il n’y a que des amis à mon frère, et mes amis, enfin je n’appelle pas ça des amis mais mes connaissances de l’école primaire. Dans mon village je n’y vais pas souvent, à part quand il y a des fêtes le week-end, je vais avec mes parents. Mais sinon autrement je suis toujours ici.» À travers son discours, on se rend compte que beaucoup d’éléments la rattachent au BUPP. Elle s’y sent bien.
« Après j’ai commencé à venir tous les mercredis après-midi, après les cours j’allais tout le temps là-bas, après j’ai eu le droit d’y aller le vendredi soir »
A chaque occasion de se rendre au BUPP, elle y va. Elle se sent probablement bien à cet endroit et expose une forte appartenance au lieu.
« J’ai confiance en tout le monde de la structure du BUPP »
Durant la discussion, Louise ressort beaucoup d’attachement pour les personnes qu’elle côtoie au BUPP. Elle parle de famille, de lien de confiance et d’amis. Nous pouvons nous apercevoir que c’est un lieu qui fait partie de sa vie.
Se chercher
« À 17 ans tu ne sais pas forcément ce que tu veux faire »
Louise a 17 ans, elle est jeune et se cherche encore. Elle est dans un moment de sa vie où elle se pose beaucoup de questions quant à son orientation professionnelle. Elle ne sait pas ce qu’elle veut faire dans sa future vie professionnelle. Nous pouvons sentir qu’elle a envie d’avancer, mais que beaucoup de portes lui sont fermées, car elle n’a pas le niveau scolaire pour accéder à d’autres formations. Le choix est restreint, mais elle a tout de même envie de trouver quelque chose.
Parcours institutionnels
« Après le cycle je suis allée au SCAI, j’ai arrêté le SCAI parce que ça n’allait plus »
Louise a terminé le cycle d’orientation, elle s’est ensuite dirigée vers le SCAI, mais cette structure ne lui convient pas. Elle nous confie que son arrêt est dû à des mésententes avec ses professeurs. Louise n’a pas les notes pour accéder à des écoles supérieures et elle dit ne pas du tout être scolaire. Elle souhaiterait accéder à une école supérieure, mais elle reste cependant consciente que pour le moment ce n’est pas possible « je n’ai pas les notes pour faire les tests, je le sais très bien, je ne vais pas me le cacher.»
« Je me suis dit que j’allais faire un CFC un peu au bol »
Pour le moment, Louise est au SEMO. Cette structure va lui permettre d’accéder à une structure supérieure afin de pouvoir obtenir un CFC. Dans un futur, Louise souhaite trouver un apprentissage soit dans la restauration soit dans le commerce. Cependant, ce n’est pas son envie initiale de poursuivre sa vie professionnelle dans ces domaines. Elle aimerait devenir TSHM, mais elle sait qu’avant tout elle doit obtenir un CFC ou une maturité, afin de pouvoir intégrer la Haute École de Travail Social. Louise est encore une jeune fille, elle n’a que 17 ans et elle se situe encore au début de son parcours scolaire. Il lui reste encore six mois au SEMO et trois ans d’apprentissage avant de se décider.
Lucien
La rencontre
La rencontre avec Lucien s’est faite lors d’un moment informel. Nous avons fait sa connaissance autour d’un café lorsque nous étions présents au Forum de Bernex. Il s’est présenté de manière brève tout en expliquant qu’il était moniteur au BUPP et qu’il fréquentait le Forum en tant que jeune également. Lucien est un jeune homme qui s’exprime facilement et qui adore parler. Au fur et à mesure de la discussion, nous lui avons demandé s’il serait d’accord de participer à notre projet. C’est avec enthousiasme qu’il a accepté notre proposition. Aussitôt, nous avons alors fixé un rendez-vous avec Lucien pour nous entretenir avec lui.
Lucien est un jeune homme de 20 ans habitant à Chancy. Il effectue actuellement une maturité bilingue en tant qu’employé de commerce à la banque Pictet. Lorsque nous l’avons rencontré, Lucien nous explique comment il est arrivé là ou il en est aujourd’hui au niveau de sa vie professionnelle et scolaire. Il explicite les différentes étapes qu’il a franchi durant ces cinq dernières années.
Présence au Forum
« J’ai continué à fréquenter le forum et le BUPP pendant mon temps libre »
Le jeune homme était au cycle lorsqu’il a commencé à fréquenter le BUPP, c’est là-bas qu’il a commencé à rencontrer ses amis ainsi que les éducateurs. Désormais, il y est tout son temps libre. Ce groupe d’amis est uni et fréquente très souvent le BUPP. Ils se sont très vite familiarisés avec les lieux et l’équipe éducative. C’est pour cela que l’équipe a décidé de leur confier un local en gestion accompagné. Petit à petit, les jeunes étaient de plus en plus au local et ils se retrouvaient pendant leur temps libre pour partager des moments conviviaux.
Lucien à une appartenance forte au forum et à la commune de Bernex en particulier. Depuis qu’il fréquente le forum il s’est fait son réseau d’amis et de professionnels, qui proviennent tous de Bernex. « Je suis parti deux fois à Madagascar grâce au forum pour des projets d’entraides.» Selon Lucien, cette expérience est inoubliable et elle a changé sa vision de voir les choses.
« C’est vraiment grâce aux éducateurs ainsi qu’au forum que je suis là où j’en suis aujourd’hui »
Grâce au forum mais particulièrement aux éducateurs présents, Lucien souligne le fait qu’il a pu se faire un réseau. Les éducateurs ont pu l’accompagner et le diriger vers différentes structures qui celles-ci l’ont aidé également par la suite. Nous ressentons que les travailleurs sociaux ont bien su l’orienter selon ses besoins et ses demandes.
Lien avec Magalie
« Après je me suis très bien entendu avec Magali, du coup on ne se voit pas, dans le sens on ne va pas boire des verres ensembles, mais on se voit quand on se croise, on discute un moment »
Lucien n’a pas du tout aimé sa formation au collège et décide alors de chercher un apprentissage. C’est après s’être fait orienter à Cap emploi par le travailleur social Thomas Bertrand qu’il a rencontré Magalie. Elle a beaucoup aidé Lucien dans sa recherche d’apprentissage. Elle lui a fait un CV, aidé à faire des lettres de motivation ainsi que l’informer sur certaines choses essentielles à savoir pour la suite.
Lucien a un bon lien avec Magalie et il a confiance en celle-ci. Elle lui a toujours apporté la motivation dont il avait besoin et cela a été l’un des facteurs clés de sa réussite. Ce lien avec Magalie l’a motivé à entamer les recherches nécessaires pour son apprentissage.
Faire avec (Magalie qui aide Lucien)
« J’ai rencontré Magalie, elle m’a suivi, donc elle m’a conseillé »
Quand Lucien a commencé son apprentissage, il était encore jeune et c’était difficile pour lui de se prendre en main, afin de trouver un apprentissage et sa voie professionnelle. Il était en première année du collègue et il souhaitait changer d’orientation.
Grâce à Cap emploi, Lucien a pu faire la rencontre de Magalie, la responsable de l’institution. Ils ont ensuite fait connaissance par le biais de plusieurs entretiens. Ils ont parlé du parcours de Lucien et par la suite, celle-ci l’a aidé à faire des CV et des lettres de motivation.
De plus, Magalie a aussi appelé plusieurs institutions pour trouver des stages pour Lucien dans le domaine bancaire.
« Magalie était là pour m’aider chaque fois et puis me dire « mais non ce n’est pas compliqué, on fait ça comme ça»
Grâce à Magalie, Lucien a pu entamer les démarches avec elle et d’après son discours, nous ressentons qu’il s’est senti soutenu et valorisé par celle-ci. À travers l’entretien, on peut percevoir que Magalie poussait Lucien à ne pas abandonner ses recherches. Il a finalement trouvé un apprentissage chez Pictet.
Facilité d’accès des partenaires
« Je ne sais pas si très honnêtement j’aurais été si c’était à Versoix »
Le forum de Bernex et Cap emploi sont très proche l’un de l’autre. Lucien confie que s’il se rendait à Cap emploi, c’est aussi parce que ce lieu n’était pas loin du forum et que cela lui facilitait la tâche. Si Cap emploi se situait plus loin, peut-être qu’il ne se serait jamais déplacé.
Le fait que le Forum et Cap emploi soient aussi proches, nous pensons que cela motivent beaucoup plus les jeunes à s’y rendre.
Impact sur le parcours de vie
« Je ne pense pas que je serais là où j’en suis aujourd’hui sans Cap emploi »
Lucien nous fait part de sa reconnaissance pour Cap Emploi. Il est conscient que sans l’aide des professionnels qu’il a rencontré au Forum, il ne serait peut-être pas arrivé à trouver un apprentissage. Pour cela, il a dû prouver sa motivation et sa détermination, afin que Magalie et Thomas soulèvent son investissement.
Lucien remarque et relève la chance qu’il a eu de pouvoir bénéficier d’un accompagnement pour son avenir professionnel. C’est pour cela qu’il a pris, dès le départ, très au sérieux les rendez-vous avec Magalie. Il s’est investi dans toutes les démarches à suivre. Lucien nous explique que sans Cap emploi, il pense qu’il aurait peut-être trouvé un apprentissage de lui même mais que ça lui aurait certainement pris plus de temps.
« Je suis allé au collège, je n’ai pas du tout aimé le collège »
Tout n’a pas toujours été facile pour Lucien. En effet, avant d’en arriver là où il en est aujourd’hui, le processus a été long. Il n’a pas terminé sa formation au collège, car ça ne lui plaisait pas. Puis, il a essayé de trouver un apprentissage par lui-même, mais il s’est vite rendu compte de la difficulté du marché de l’emploi. Par la suite, Un peu perdu et démotivé, il s’est alors orienté vers Thomas (TSHM) qui lui-même la dirigé vers Cap Emploi. Enfin, il a obtenu un rendez-vous avec Magalie pour discuter de sa situation et de ce qu’il avait envie de faire.
L’arrêt du collège a été comme un élément déclencheur pour Lucien. En effet, c’est après l’échec du collège qu’il va commencer à fréquenter le Forum. C’est dans ce lieu que tout s’est joué pour son avenir professionnel. Avec l’aide des différents professionnels, il a réussi à se réorienter et à trouver sa voie professionnelle. Il semble très épanoui et satisfait de son nouveau parcours de vie.
Ouverture avec Cap emploi
« En fait c’est aussi grâce au BUPP que j’ai été vers Cap emploi, enfin c’est grâce au forum que j’ai trouvé pleins de petits jobs et que j’ai pu me faire un peu des sous à l’époque ou j’en avais pas beaucoup »
Lucien a toujours voulu travailler dans une banque. Lorsqu’il a été pris en charge par Magalie de Cap emploi, il a réussi à trouver un apprentissage dans le domaine qu’il souhaitait. Lucien est actuellement en deuxième année d’apprentissage chez Pictet. Il dit être très content de sa vie professionnelle, car la semaine il travaille en banque, et le week-end en tant que moniteur pour des anniversaires au Forum de Bernex. Ce sont deux corps de métiers totalement différents, mais c’est ce qu’il aime, car d’un côté il a une cadre très stricte à respecter et de l’autre il a une liberté de pouvoir organiser des activités avec les enfants.
De plus, grâce à Cap emploi et en effectuant plusieurs petits jobs, notamment pour la police municipale, il a pu se créer un réseau. Il nous confie que maintenant les policiers municipaux ainsi que le responsable de la jeunesse de Bernex lui serrent la main lorsqu’ils se croisent. En ce moment en plus de son apprentissage Lucien effectue également des petits jobs pour la FASE depuis 4ans. Il gère aussi des aides-moniteurs qui travaillent avec lui. Grâce au BUPP, Lucien a des responsabilités professionnelles.
Analyse
Cadre de l’analyse
Pour ce travail, notre intention de départ était de travailler sur le réseau. Nous voulions comprendre quelles étaient les spécificités des dispositifs mis en place pour les jeunes par la commune de Bernex. Il est à noter que les dispositifs communaux tels que Cap emploi sont accessible seulement aux jeunes faisant partie de la Champagne. Nous avons finalement, pour comprendre les dispositifs, donné la parole à deux jeunes vulnérables.
Il est important de noter que chaque jeune à sa propre histoire, ils ont tous les deux effectué un parcours différent. Contrairement à d’autres jeunes, Lucien et Louise sont arrivés au Forum sous les conseils d’amis à eux, depuis qu’il le fréquente leur vie a changé. Ils ont effectué des voyages humanitaires, ils ont commencé à faire des petits jobs, ils ont fait des rencontres, ont créé des amitiés, ils ont organisé des manifestations. Les dispositifs mis en place par le Forum ont permis aux jeunes qu’ils en soient là où ils en sont aujourd’hui.
Selon Becquet la vulnérabilité est une zone « d’entre-deux ». Les jeunes touchés par la vulnérabilité se trouvent dans une instabilité sociale et professionnelle. Nous pouvons dire que Louise se trouve à ce jour dans un stade de vulnérabilité. En effet, elle se trouve dans un moment de sa vie ou elle n’est pas stable au niveau professionnel. Pour le moment elle n’a obtenu aucun papier qui lui permettrait de rentrer dans le monde juvénile. Becquet exprime dans son texte qu’un des critères de la vulnérabilité est marqué par la difficulté à passer les différents seuils pour s’inscrire dans le monde adulte. Quant à Lucien, lui, sort tout juste de la vulnérabilité. En effet, avant de fréquenter le Forum et de connaître Magalie, il était indécis quant à son futur professionnel. Lucien a très vite arrêté le collège et il a eu de la difficulté à trouver une formation. À ce jour, avec l’aide de Magalie, Lucien a trouvé un apprentissage et est dans la bonne voie pour obtenir un CFC. Ainsi cela va lui permettre d’entrer dans la vie active. Concernant l’instabilité sociale, le forum a permis aux deux jeunes d’enrichir leur entourage amical. Grâce à l’aide et l’accompagnement des professionnels de ce lieu, Lucien et Louise sont entrants de trouver les ressources nécessaires afin de s’adapter aux règles de la société.
Dans cette analyse nous pouvons également citer Paugam. Dans son texte, il explicite quatre liens qui apportent protection et reconnaissance nécessaire aux individus pour leur existence sociale. Parmi ces liens nous pouvons trouver le lien de participation élective et le lien de participation organique. Le premier concerne la socialisation extrafamiliale, l’individu peut choisir son propre réseau d’appartenance. Il est libre d’établir des relations selon son désir et ses valeurs. Si nous reprenons les exemples de Louise et Lucien expliqué si dessus, nous nous rendons compte que l’arrivée au Forum leur a permis de créer un réseau d’appartenance. Leur ami se trouve pour la plupart au sein du Forum de Bernex, je crois même que Lucien et Louise sont copains. À propos du lien organique qui « se caractérise par l’apprentissage et l’exercice d’une fonction déterminée dans l’organisation du travail » (Paugam) nous pouvons dire que les TSHM ont aidé les deux jeunes à s’inscrire dans ce lien. En effet, en utilisant leur ressource et le réseau le forum a permis à Lucien de trouver son apprentissage à la banque Pictet. C’est un peu plus complexe pour Louise, car elle n’a encore rien trouvé. Elle est pour le moment inscrite au SEMO, elle doit encore passer des tests avant de pouvoir entrer en formation.
Pour aider Louise et Lucien à sortir de la vulnérabilité et les inscrire dans les différents liens nommés si dessus, les professionnels ont fait preuve de savoir-faire professionnel. Tout d’abord ils ont été attentifs à prendre le jeune dans sa globalité. Ils ont pris en compte leurs demandes et leurs envies. Les professionnels ont fait marcher leur réseau afin d’ouvrir des portes à Lucien et Louise. Magalie et Thomas ont été tout au long du processus à l’écoute des deux jeunes. Ils ont également fait preuve d’empathie et de non-jugement face à leur situation. Louise et Lucien ont pu ressentir ses différents savoir-faire. Ils nous confient qu’ils sont reconnaissants quant à l’aide qu’ils leur ont apportée. On comprend l’importance de la présence de ces professionnels dans leur processus. Ils sont conscients que sans eux, il aurait été difficile d’arriver là ou ils en sont aujourd’hui.
Conclusion
Pour ce travail nous avons privilégié la parole des jeunes à celle des professionnels afin de comprendre comment le travail de ceux-ci était perçu et ressenti par deux jeunes ayant passé par le Forum et Cap emploi. En passant par la parole des jeunes, nous avons pu découvrir le métier de l’équipe éducative.
De plus, nous avons pu retenir l’importance du lien de confiance qu’ils ont pu construire avec les professionnels. Ceux-ci leur ont apporté leur soutien, afin de les motiver à sortir de la vulnérabilité. Louise est encore dans ce processus et Lucien en est sorti. Nous avons eu la chance d’entendre le savoir-faire professionnels soulevés par les jeunes. Nous sommes conscients que si ces deux structures fonctionnent bien c’est aussi parce que la collaboration entre les acteurs marche bien. Les professionnels des deux institutions coopèrent de façon à motiver les jeunes à sortir de leur situation vulnérable. Ceux-ci se montrent toujours disponibles et ont l’écoute des jeunes. Grâce au lien créé avec les travailleurs sociaux, Louise et Lucien ont eu de la facilité à se diriger dans les différentes structures.
Concernant notre sujet « Forum Bernex – Cap emploi : une étroite relation pour l’insertion des jeunes » nous avons constaté que la proximité entre ces deux structures a eu un rôle important dans le parcours de Lucien et Louise. En effet, à plusieurs reprises ils nous ont fait comprendre que si Cap emploi était situé dans un autre lieu, ils ne se seraient pas autant investis dans les démarches professionnelles.
Pour finir, nous avons gardé un bon contact avec Lucien et Louise. À travers notre immersion, nos interviews et nos passages au Forum nous pensons avoir créé un lien avec les jeunes ainsi qu’avec l’équipe du Forum de Bernex. Nous tenons à remercier Mathias, Louise et Lucien ainsi que le reste de l’équipe pour leur participation et pour l’aide apportée au projet.
Bibliographie
- Sennett, R. (2012). Ensemble, pour une éthique de la coopération. Paris : Albin Michel (P.13-40).
- Becquet, V. (2012). « Les jeunes vulnérables » : essai de définition. Agora débats/ jeunesses, 3 (62), (P.51-64).
- Paugam, S. (2014). Intégration et inégalités : deux regards sociologiques à conjuguer in S. Paugam (dir), L’intégration inégale, force, fragilité et rupture des liens sociaux, (P.1-23).
Réalisation
Amandine Gomes (HETS-GE), Randall Izambayi (HETS-GE), Sophie Pasche (HETS-GE), Valéria Vacante (HETS-GE)