Avusy

La commune d’Avusy et ses villages

Avusy est une commune rurale composée de trois villages et compte plus de 1’300 habitants.

À Avusy,  en plus des habitations et des exploitations agricoles, se trouve un café/restaurant nommée Chez Casa où les habitants aiment se retrouver, tant pour manger un bon repas entre amis et collègues d’association que pour boire un café. En effet, dans cette commune la vie associative est très riche.

Non loin d’Avusy, Athenaz semble être le centre de la commune avec son école primaire, son terrain de rugby, le local des pompiers, ainsi qu’une grande salle où le Bal d’Avusy y est organisé. Le local en gestion accompagnée soutenu par les TSHM se trouve non loin du terrain de rugby ainsi que du local de stockage de La Jeunesse d’Avusy.

Quant au troisième village, Sézegnin, on y trouve la salle communale ainsi que la mairie d’Avusy.

Une commune en plein développement

« On sent que c’est l’une des seules régions rurales ou ça construit. Ça construit, et ça construit surtout des 4-5 pièces qui sont plus ou moins abordables par rapport à ceux qui sont loués en ville, donc ça amène des familles qui sont peut-être un peu plus précaires que les autres. » (Baba, TSHM)

Depuis quelque temps, les avusiens sont confrontés à des évolutions démographiques, ce qui engendre une restructuration, au niveau territorial, de la commune. Les loyers étant plus abordables qu’en ville, de nombreuses familles issues du milieu urbain choisissent de migrer et de s’établir en campagne.

«Cependant, à un moment donné, cet équilibre va être bouleversé parce qu’on va avoir des personnes qui ont un niveau assez aisé, avec des villas familiales de plusieurs générations et à côté des gens qui viennent d’arriver parce que c’est le seul 5 pièces qu’ils ont trouvées accessibles.» (Baba, TSHM)

Ceci va impliquer de la part des nouveaux arrivants de s’intégrer au sein d’un village dont le fonctionnement n’est pas le même qu’en ville. Un des enjeux majeurs sera de trouver un équilibre sur la balance entre tradition et modernité.

Quel est le rôle du TSHM dans ces changements ? Comment les travailleurs sociaux peuvent-ils contribuer à l’équilibre entre la modernité et la tradition ?

Afin de mettre en lumière certains mécanismes, nous avons choisi comme cadre d’analyse la modernité et la tradition.

Tradition et modernité

Comment vivre sa jeunesse en campagne, entre tradition et modernité ?

La transition juvénile représente le passage de l’enfance à l’âge adulte. C’est également un moment de la vie où les jeunes acquièrent de l’expérience en s’exposant, en s’affirmant et finalement en se projetant.

Dans un contexte traditionnel, les places sont assurées par la collectivité et les étapes clés pour passer de l’enfance à l’âge adulte sont linéaires.

A contrario, dans un contexte moderne, la jeunesse s’allonge notamment par le prolongement des études. Les étapes qui nous font passer de l’enfance à l’âge adulte ne sont pas aussi marquées qu’avant. Ceci implique parfois une non-linéarité des étapes clés vers l’autonomie. Pour devenir adulte, il faut donc se faire une place ou en inventer.

Notre enquête s’est dirigée sur la manière et les possibilités d’un jeune à s’inscrire dans un groupe d’individus.

Tout au long de notre immersion, nous avons pu observer deux types de sociétés locales sur la commune d’Avusy. Une société locale traditionnelle, la Jeunesse d’Avusy, où la transmission et les anciennes pratiques sont toujours présente et une société locale plus moderne, qui se déploie autour du Local en Gestion Accompagnée où le changement et les nouvelles pratiques sont au centre.

La socité de Jeunesse d’Avusy est basée sur la tradition. Par conséquent, il faut penser passé lorsqu’on parle de tradition. Dans celle-ci, tout se transmet de génération en génération, une certaine linéarité est donc bien présente et ancrée. L’individu s’engage et s’investit pour un collectif. Chacun à sa place déterminée au sein de ce dernier. Ceci permettra une insertion professionnelle et sociale bien solide.

Le principe d’occuper une place procure à l’individu un sentiment de protection. S’investir pour un collectif et en voir les aboutissements permet la reconnaissance du groupe envers l’individu. Afin que la tradition perdure, la transmission de connaissance et de savoir-faire est fondamentale.

Le local en gestion accompagnée, par opposition à la Jeunesse d’Avusy, est moins tournée vers la tradition. Elle ne se base pas sur des acquis. Les acteurs de la société moderne doivent donc faire preuve de créativité et de capacité d’innovation. La modernité permet l’égalité des chances, l’individu n’a pas de place prédéfinie. La personne est libre d’occuper la place qu’elle souhaite au sein d’un collectif. Par conséquent, il peut changer de position sociale.

Paradoxalement, en cherchant sa place, la personne risque de se perdre et de ne pas se faire une place au sein de la société. Ces éléments nous montrent également une prévalence de l’individu sur le collectif.

L’enjeu de la collectivité avusite est de trouver un juste milieu sur la balance entre modernité et tradition.

Nous sommes partis à la rencontre de ces deux sociétés locales, et nous vous proposerons maintenant un descriptif de leurs activités et dans un deuxième temps nous vous présenterons des portraits de leur monde.

Local des jeunes

Le local des jeunes d’Athenaz 

Le mardi 28 novembre, nous sommes cordialement invités par Noa, un des responsables du local, à venir passer une partie de la soirée avec lui et les jeunes. Par la même occasion, il nous dit que nous pourrons profiter de ce moment pour nous présenter à ses camarades, pour expliquer le but de notre recherche et également pour poser quelques questions.
Il est 18 heures précises, arrivées à Athenaz. Il fait un grand froid et l’impatience de rentrer dans le local se fait grandissante. Au loin, un spot lumineux se laisse deviner. Celui-ci est placé à l’endroit du local, mais aucun jeune en vue.
Nous descendons les gradins et devant nous se présente une porte en fer, l’entrée du local. Nous toquons, pas de réponse. Nous allons au fumoir qui se trouve juste à côté, là se font entendre des voix. Celles-ci nous demandent :
« C’est le BUPP ? », « Non, ce n’est pas le BUPP, c’est les étudiants de la HETS. »

Étant donné que l’espace dans le fumoir est restreint, les jeunes nous proposent de faire un feu afin de pouvoir rester dehors sans avoir trop froid. Ils mettent de la musique à fond, le son retenti dans les haut-parleurs et dans la peine ombre.
Un jeune s’occupe de faire le feu. Nous nous regroupons autour de celui-ci et commençons à parler de tout et de rien une canette de Coca-Cola à la main. Les jeunes nous demandent :« Comment avance votre enquête ? »
Nous leur disons que nous avons encore des questions à leur poser pour bien comprendre le fonctionnement du local. Nous poursuivons donc avec nos questionnements.
« Depuis quand êtes-vous dans ce local ? », « Ça dépend des jeunes. Certains sont arrivés en cours de route. Le responsable lui est là depuis environ quatre ans. » nous dit un jeune.

Un autre prend la parole et dit : « Ici c’est vraiment tranquille, tu peux faire ce que tu veux sans qu’on te fasse chier. Évidemment y a les TSHM qui passent de temps en temps pour contrôler, mais nous on fout pas trop la merde donc ça va… mais voilà… c’était mieux avant ! »
Un membre de notre groupe réplique : « Pourquoi c’était comment avant ? » « Bah ! avant c’était pas les TSHM qui s’occupaient de gérer le local, mais la commune. »
Curieux de savoir comment s’occupaient les jeunes avant leur entrée au local, nous leur posons la question. Noa prend la parole.
« Moi perso avec mes potes on squattait les chiottes publiques en hiver et en été on se posait dans les parcs, parce qu’il faisait beau. Pour avoir le local, ça a pris du temps. »
Ils nous disent qu’ils vont préparer un gratin de pâtes afin de le manger tous ensemble au local. Un des jeunes est allé chez lui pour le préparer avec une des filles présentes. À ce moment, nous avons l’impression de faire partie une grande famille élargie.

Le temps passe, les discussions s’enchainent, le feu brûle ardemment.
Nous sommes dehors avec trois jeunes, nous parlons de leur vie professionnelle, des apprentissages, de voitures, de motos. À tour de rôle chacun nous dit ce qu’il étudie. Un jeune homme nous raconte qu’il a arrêté son apprentissage en paysagiste horticulteur, car il était en échec scolaire.

« Maintenant, je suis en pleine réorientation professionnelle. Je vais voir. » « Pour m’occuper, je fais aussi du MMA, du Ju-Jittsu brésilien, de la garde boxe anglaise et du Muy-Thai. Tout ça, c’est pas officiel encore, c’est un pote qui m’entraine. » « Je fais ça aussi comme ça après le local j’aurai des occupations, vu que je ne vais pas aller à la Jeunesse. »

Il recommence ses allers-retours pour alimenter le feu.

Lorsque nous sortons le micro, les jeunes essayent le matériel, ils font parler leurs copains : « Reportage pour la chaine nationale, Noa qu’est ce que tu as à nous dire ? » Des rires éclatent.
Avant de prendre le dernier bus en partance pour P+R Bernex, nous demandons aux jeunes si nous pouvons faire une photo de groupe. Au début, nous avons de la peine à les rassembler, puis nous y arrivons avec un peu d’insistance et aussi grâce à l’aide des deux filles présentes.

L’ambiance est chaleureuse, nous remarquons que les jeunes sont plus enclins à la discussion avec nous, ils participent plus volontiers à nos échanges lorsque nous leur posons des questions. Nous gardons également contact avec un des responsables du local par message pour l’informer quand nous allons les rencontrer. Ils sont aux petits soins avec nous.

Le local des jeunes au regard de la modernité, librement inspirée de Gauchet (1985) 

Les marques de la modernité sont visibles dans ce récit, et se retrouvent dans les discours recueillis au long de notre enquête.

Changement
Depuis l’année 2000, le LGA d’Athenaz est sous la gestion des TSHM du BUPP. Auparavant, c’était la commune qui s’occupait de le gérer. Nous avons là un élément de la modernité, c’est-à-dire le changement. Ce changement implique certaines nouvelles règles à respecter et une bonne tenue du local.

Le risque de se perdre
Le « risque de se perdre » et de perdre du temps est aussi un élément de la modernité. Un jeune du groupe du local pourrait se trouver dans cette situation, étant en réorientation professionnelle. Il ne semble pas avoir un projet pour un futur proche. De plus, les activités qu’il pratique ne sont pour l’instant pas officielles et peu reconnues. Le risque est que cela reste ainsi et qu’elles ne lui procurent pas la protection et la reconnaissance nécessaires à son développement.

Nouveau
La création de nouvelles pratiques est une composante bien présente dans la modernité. Si nous reprenons l’exemple du jeune cité ci-dessus, celui-ci cherche d’autres activités à effectuer lorsque ses pairs rentreront dans la Jeunesse. Ça sera pour lui un moyen de ne pas rester seul et de créer d’autres liens d’amitié.

« Pour m’occuper, je fais aussi du MMA, du Ju-Jittsu brésilien, de la garde boxe anglaise et du Muy-Thai. Tout ça, c’est pas officiel encore, c’est un pote qui m’entraine. »

Créer des places
Avant de pouvoir accéder au LGA, les jeunes se sont inventé des places afin de pouvoir se retrouver et pour passer le temps.

« Moi perso avec mes potes on squattait les chiottes publiques en hiver et en été on se posait dans les parcs, parce qu’il faisait beau. Pour avoir le local ça a pris du temps. »

Jeunesse d'Avusy

Yohan donne rendez-vous à 17 h 30 en haut du village. Un seul membre de notre groupe (Liridon) se rendra sur place car les autres sont pris par leurs emplois du temps. Pour une lecture du récit plus agréable, nous choisissons de parler en “Je”, qui reprendra les pensées de Liridon.

Je n’imaginais pas que l’Escalade était aussi réputée à Sézegnin. La quantité de voitures garées m’empêche de me parquer proche du lieu de rendez-vous. Je suis donc contraint de laisser mon véhicule à l’autre bout du village. C’est là que mon périple débute. Après quelques pas, une odeur familière vient se heurter à mes narines, je lève les yeux et aperçoit un stand où on y distribue de la soupe et du vin chaud. Continuant ma déambulation dans le village au rythme de la musique « despacito » qui résonne dans les rues, ma route croise celle d’enfants déguisés, accompagnés de leurs parents.

Plus loin, Yohan et ses amis de la Jeunesse étaient en train de remplir les mortiers de poudre. Je m’approche de Yoann, lui tape sur l’épaule pour lui serrer la main et saluer les 5 autres membres de la jeunesse présents pour l’occasion. Ils préparaient les neuf mortiers, en ligne au milieu de la route. « C’est dommage que tu ne sois pas venu plus tôt, tu aurais pu voir comment on prépare les mortiers. On a fait ça plus tôt dans l’après-midi, on a mis pleins de papier dedans pour que ça pète bien. »

Au même moment où nous discutons, deux hommes arrivent. Il s’agissait du Maire d’Avusy et un de ses adjoints. Yohan leur explique que tout est prêt, il faut juste attendre que le bus passe à 18 h 03 afin de bloquer la route. Il demande de bien sécuriser le périmètre, car ça fait beaucoup de bruit et ça peut être dangereux pour les enfants. Yohan commence à faire chauffer la perche pour allumer la mèche des mortiers.

« À Avusy, l’Escalade est organisée par l’association des pétardiers et nous on est là pour préparer les mortiers avec René qui est le président des pétardiers ».

Il est 18 h 03, le bus passe et à ce moment-là, ils mettent un faux-banc pour fermer la route. Un des membres de la Jeunesse prend la perche et commence à allumer un premier mortier. Boum !! ça explose ! En moins de 2 minutes, les 9 mortiers ont explosé chacun leur tour.

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Une fois le spectacle terminé, la foule commence à partir en direction de la salle des fêtes de Sézegnin. Balais en main, la Jeunesse nettoie les débris de papier en moins de 3 minutes.
19 h 30, après avoir gouté au vin chaud et la soupe dans une ambiance conviviale et d’échanges, en compagnie de plusieurs habitants, nous partons entreposer les mortiers dans le local de la Jeunesse. Au retour, passant devant la caserne des pompiers, Luca (un membre de la Jeunesse) explique qu’il fait partie des sapeurs-pompiers. Sa copine intervient sur un ton ironique, « Ah oui lui il fait partie de toute les associations, La Jeunesse, les Pétardiers, les Sapeurs-pompiers, etc. ».

La soirée continue à la salle communale, dont une partie est sous une grande tente chauffée. En pénétrant à l’intérieur, une ambiance festive et familiale se manifestait. On pouvait sentir une certaine proximité entre ce grand nombre de villageois présents. Les enfants déguisés s’amusaient au rythme de la musique, pendant que les parents discutaient autour d’une bouteille de vin et d’un repas chaud. Sur la scène, des spectacles d’enfants de l’école primaire animent la soirée. Pour les plus fêtards d’entre eux, une soirée dansante était organisée plus tard dans la soirée et durant toute la nuit dans le village de Laconnex.

Les portraits qui vont suivre sont des récits de jeunes qui vivent leur jeunesse à la campagne de différentes manières. Nous aurons un portrait qui illustrera la modernité, un deuxième l’« entre-deux » et finalement la tradition sera présenté au travers du dernier protrait.

L’Escalade au regard de la tradition, librement inspirée de Gauchet (1985)
Dans cette séquence « escalade », on voit se manifester des éléments proches du monde traditionnel.

La prédominance du collectif
Lors de la soirée de l’Escalade, une grande quantité de voitures étaient garées un peu partout sur le bord de la route. Cela montre l’importance de l’Escalade pour les habitants du village, qui sont venus nombreux. De plus, les habitants du village distribuent le vin chaud et la soupe, ce qui démontre que c’est une soirée où les habitants ont l’envie de partager des moments conviviaux avec leurs voisins.

Cette fête est organisée par l’Association des Pétardiers, nous pouvons voir à travers cette organisation que différentes associations du village sont engagées pour le bien de la collectivité. Durant cette soirée, les habitants poursuivent la fête dans la salle communale. L’ambiance familiale qui y règne, et met en avant la proximité des habitants entre eux.

« La soirée continue à la salle communale, dont une partie est sous une grande tante réchauffée. En pénétrant à l’intérieur une ambiance festive et familiale se manifestait on pouvait sentir une certaine proximité entre ce grand nombre de villageois présents. »

Passé, anciennes pratiques
À travers cette soirée, nous avons également pu observer les anciennes pratiques. Lors de la préparation des mortiers, nous pouvons remarquer qu’il y a un savoir-faire qui a été transmis, et que les pratiques de l’époque sont encore d’actualité.

La tradition de l’Escalade à Avusy est rituelle : les mortiers sont tirés, les habitants mangent de la soupe et boivent du vin chaud puis se rendent à la salle communale pour continuer la fête.

« Un des membres de la Jeunesse prend la perche et commence à allumer un premier mortier. Boum !! ça explose ! En moins de deux minutes, les neuf mortiers ont explosé chacun leur tour. »

Linéarité
La linéarité est un élément bien présent dans la tradition. En effet, les transitions juvéniles du vice-président et de Yohann sont assez linéaires. Tous deux sont passés par le local des jeunes, par la Jeunesse et par les associations du village pour devenir adultes.

« Ah oui ! lui il fait partie de toutes les associations, la Jeunesse, les Pétardiers, les Sapeurs-pompiers, etc. »

Protection/reconnaissance
Pendant la fête de l’Escalade, nous avons senti une réelle confiance de la part de tous. En effet, les enfants s’amusaient dans un climat serein et de protection tandis que, les parents se retrouvaient pour discuter autour d’une bouteille de vin.

« Les enfants déguisés s’amusaient au rythme de la musique, pendant que les parents discutaient autour d’une bouteille de vin et d’un repas chaud. »

 Prix à payer
Pendant cette soirée de l’Escalade, on peut également observer un investissement personnel de chaque membre des associations présentes lors de l’Escalade (pétardier jeunesse). La jeunesse avait préparé plus tôt dans la journée les mortiers pour qu’ils soient prêts le soir. Lorsqu’ils font exploser ces derniers, ils ont aussi le devoir de nettoyer la rue et de ramener les mortiers dans leur local, cela les contraint à rater un bout de la fête.

« Balais en main, la Jeunesse nettoie les débris de papier en moins de 3 minutes. »

« Dans un environnement qui ne cesse de condamner toute forme de oisiveté et de paresse, le travail constitue donc bien un moyen pour les jeunes d’acquérir un statu social et de prendre définitivement leurs distances avec le monde de l’enfance et avec celui de leurs parents. » (Dafflon, p.234)
Le prix à payer dans la société traditionnelle d’Avusy passe par un grand investissement personnel ainsi que par la volonté de se mettre au service de la collectivité. Ces étapes clés passent à travers l’inscription dans différentes associations communales et servent à l’intégration dans différents groupes sociaux.

Portraits

Portraits des membres des sociétés locales 

Le premier portrait est celui de John, un jeune homme qui fait parti du local des jeunes d’Athenaz. Le second est celui de Noa, il est un des trois responsables du local des jeunes et membre de la Jeunesse d’Avusy. Finalement, il y aura le portrait de Yohan, président de la Jeunesse d’Avusy et membre de plusieurs sociétés locales.

John : membre du local des jeunes d’Athenaz

John est un jeune homme de 19 ans, actuellement en réorientation professionnelle. Il habite Chancy, mais fréquente le local des jeunes d’Avusy.

Rapport au local
Il se rend régulièrement au local en fin de journée pour y retrouver ses amis. Ensemble ils partagent certains repas, une partie de PlayStation ou des discussions. John, qui avait débuté un apprentissage de paysagiste-horticulteur, s’occupe également de l’entretien des plantes. De plus il donne volontiers son aide quand des aménagements sont réalisés.

Rapport à la Jeunesse
John ne peut pas rejoindre la Jeunesse puisqu’il ne remplit pas un des critères : il ne réside pas sur la commune d’Avusy.
« - La dernière fois tu nous as dit que tu ne voulais pas faire partie de la Jeunesse
– Oui parce que déjà j’habite pas sur la commune. »>/span> John préfère participer aux évènements que la Jeunesse organise dans le but d’être avec ses amis.
« C’est souvent des évènements où t’as envie d’être avec tes potes et puis tu peux pas et du coup tu dois travailler et moi je préfère être avec mes potes. »

Support d’intégration
Du fait que John ne peut et ne veut rejoindre la Jeunesse, il a trouvé d’autres supports à l’intégration : il pratique les sports de combat.
« - Toi t’aimes bien les arts martiaux ?
– Ouais moi j’aime bien. Je fais du Jiu-jitsu brésilien, garde de boxe anglaise, coup de Muy thaï. »

De plus, il est souvent mis à contribution par le BUPP pour réaliser certains petits boulots. Il a notamment été engagé pour construire un abri pour le bois d’un local dans une commune voisine.

Conclusion
John a su faire preuve de créativité et de flexibilité afin de s’intégrer. En tant que membre actif du LGA où aucun ordre hiérarchique n’existe, où l’individu n’a pas de place prédéfinie, John est libre d’occuper la place qu’il souhaite. En revanche en cherchant sa place dans cette société, il risque de s’y perdre. Ces éléments nous montrent que John évolue dans une société moderne.

Noa : responsable du local des jeunes et membre de la Jeunesse d’Avusy

Noa est un garçon de 21 ans, il est actuellement employé dans un garage automobile, il doit repasser son examen pratique au moins de juin 2018.

Son rapport au local
Avant de rejoindre le local, Noa se retrouvait à l’extérieur avec ses copains. « En hiver, on squattait dans les chiottes publiques, en été on était au terrain de foot ». Suite à quoi, il a rejoint le local.
« C’est cool d’avoir un endroit au chaud et au sec pour se retrouver avec ses potes »
Il est actuellement responsable du local, c’est-à-dire qu’il s’occupe de faire le lien entre les TSHM et les jeunes qui fréquentent le local.

Rapport à la Jeunesse
Il est dans une période de transition, car il estime actuellement « avoir fait le tour du local » et aimerait découvrir d’autres choses. C’est pour ça qu’il suit les traces de son frère, et est en train de rejoindre la Jeunesse d’Avusy.

Support d’intégration
Noa s’est intégré à la vie communale par le biais du local, support dont il bénéficie grâce à l’appui des TSHM. Il poursuit son intégration en rejoignant la Jeunesse et peut-être par la suite, d’autres associations de la commune d’Avusy.

Conclusion
Noa a débuté sa jeunesse en se retrouvant avec ses amis dans des lieux extérieurs, ils ont donc su faire preuve de créativité et d’imagination pour inventer des places, compétences de la modernité. Puis il a rejoint le LGA, un lieu également propre au monde moderne. Il a maintenant intégré la Jeunesse, association traditionnelle. Ces éléments-là nous permettent de dire que Noa est dans un « entre-deux » soit en transition vers l’âge adulte, naviguant entre modernité et tradition.

Yohan : président de la Jeunesse d’Avusy et membre de plusieurs sociétés locales 

Yohan est un jeune homme de la commune, d’environ 25 ans. Travaillant comme indépendant, la majeure partie de son temps libre est consacrée à la vie associative de sa commune : il est membre de plusieurs associations et il préside la Jeunesse et la Vogue.
« Là c’est la fin de l’année on a eu la réunion de notre assemblée générale. Le mercredi d’avant j’avais la réunion pour poser les dates pour réserver les salles avec la mairie, la semaine d’avant j’avais une réunion avec les nouveaux habitants pour leur présenter la société, la semaine dernière j’ai eu la soirée civique avec la mairie. »

Rapport au local
Avant de rejoindre la Jeunesse, Yohan fréquentait le local des jeunes de la commune. Lui et ses amis y ont entrepris d’importants travaux pour lui donner une seconde vie. Il n’a pas bénéficié du soutien des TSHM. Il a su se débrouiller seul.
« Tu commences au local des jeunes tu fais ton petit bonhomme de chemin. »

Rapport à la Jeunesse
Yohan est président de la Jeunesse et y consacre beaucoup de temps. « Si je devais compter le temps que j’y consacre, je pense que je ne serais plus président depuis bien longtemps parce que j’aurais déjà pété les plombs 6 fois »

Pour Yohan, la transition entre le local et la Jeunesse se fait naturellement.

« Ouais après j’ai fait la Jeunesse, c’est un peu la suite logique »

Support à l’intégration
Yohan est un homme très intégré au sein de sa commune, tout le monde le connaît. Tout au long de sa jeunesse, il a suivi un cursus linéaire. Il a commencé par fréquenter le LGA, suivi de la Jeunesse et pour finir, il se dirige vers d’autres associations. Tous ces éléments lui ont servi de support d’intégration et lui ont permis la notoriété dont il jouit actuellement.

« Tu commences à entrer dans la Jeunesse et après ça suit quoi, c’est là où tu commences à t’investir dans le milieu associatif de la commune. Tu rentres un peu dans la société, tu apprends à faire connaissance avec les autres sociétés à travailler avec eux, à t’intégrer aussi dans la commune. »

Conclusion
Yohan a suivi un parcours linéaire entre le LGA et l’association de la Jeunesse et il est actuellement en train de s’intégrer dans la commune au travers d’autres associations. Son engagement pour la Jeunesse lui apporte protection et reconnaissance, au sens de Paugam (2013) par le fait que sa place est déterminée au sein d’un collectif et que ce dernier lui en est reconnaissant. Ces éléments nous montrent que Yohan évolue dans un monde aux consonances traditionnelles.

Conclusion

Tout au long de notre immersion nous avons pu voir que la commune d’Avusy navigue entre tradition et modernité. Cet équilibre entre les deux se fait notamment grâce aux TSHM présent sur le terrain. Pour les jeunes qui vivent leur transition juvénile de manière non-linéaire, ils sont une aide précieuse.

Les enjeux liés aux changements géographiques sont également un élément sur lequel les travailleurs sociaux sont sensibles. Le travail avec les nouveaux habitants et les avusiens est important pour garder l’équilibre entre la tradition et la modernité. Cette balance est un équilibre fragile.

En ce qui concerne la transition juvénile traditionnelle, l’implication personnelle se fait pour servir la collectivité. Pour la transition juvénile moderne cette implication personnelle se fait sur un plan plus individuel, afin de se créer une place. Cependant, c’est un élément qui est commun aux deux transitions et valorisé.

Le point commun entre la modernité et la tradition reste le prix à payer qui est représenté par grand investissement personnel. En effet, nous avons pu constater que les trois portraits comportaient des éléments qui faisaient référence au prix à payer au sens de Dafflon. La transition juvénile qu’elle soit linéaire ou non à besoin de soutien. C’est à travers la collectivité que la linéarité s’effectue. En ce qui concerne la transition juvénile moderne, elle se fait avec l’aide des TSHM. Ceux-ci sont la pour aider les jeunes à s’intégrer et à trouver une place dans la société.

Bibliographie

  • Dafflon, A. (2014). Il faut bien que jeunesse se fasse! Ethnographie d’une société de jeunesse campagnarde. L’Harmattan, Logiques Sociales.
  • Wicht, L., Pittet, A., Peradotto, J. & Battaglini, M. (2017).  Entre collectif et individuel: les épreuves de la transition juvénile dans une société hypermoderne(MAP: la citoyenneté agressée, la place des jeunes dans la ville). Genève: HES-SO, Haute école de travail social.
  • Wicht, L., Pittet, A., Peradotto, J. & Battaglini, M. (2017). Transitions juvéniles et liens sociaux dans une diversité de territoires :les réponses du TSHM(MAP: la citoyenneté agressée, la place des jeunes dans la ville). Genève: HES-SO, Haute école de travail social.

Réalisation

Anila Lila (HETS-GE), Jordan Joye (EESP-VD), Liridon Ibishi (HETS-GE), Mattia Ungaro (HETS-GE)

 

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